Comme nous le savons tous, l’industrie canadienne du tatouage recèle de gens incroyables. Ils sont non seulement de talentueux artistes amoureux de leur métier, mais aussi de formidables personnes qui visent à satisfaire leur clientèle et à redonner à leur communauté. Vous n’avez qu’à lire l’engagement que prennent certains tatoueurs locaux envers diverses fondations et autres causes valables et vous découvrirez à quel point la communauté de tatouage est remarquable dans notre pays.
Encre santé
Ink4Autism (Encre pour l’autisme)
Pour Inner-War Tattoos, un studio situé à Régina en Saskatchewan, le dernier printemps était un temps propice pour venir en aide aux enfants atteints d’autisme. Durant un événement appelé Ink4Autism, les artistes de ce studio ont effectué des tatouages en forme de pièces de casse-tête, le principal symbole de sensibilisation à l’autisme depuis 1963, et ont redistribué la moitié du prix demandé de 60 $ à une œuvre de bienfaisance locale, la Casey Foundation for Autism Support.
Matthew Shirley, l’un des clients d’Ink4Autism dont le fils de huit ans est atteint d’autisme, a parlé à Global News concernant l’importance de son tatouage en forme de pièces de casse-tête. « Si j’aperçois un parent dans une épicerie qui éprouve des difficultés avec son enfant et qu’il voit mon tatouage et reconnaît le symbole de l’autisme, il peut se dire “ voilà quelqu’un qui sait ce qui se passe” », a-t-il expliqué. Une preuve tangible du pouvoir d’un tatouage symbolique. Qu’importe sa taille ou la simplicité du design, ce pouvoir est immense.
Project Semicolon (Projet point-virgule)
Semblable à Ink4Autism, l’événement Project Semicolon organisé par le studio Calgary Dusk Till Dawn Ink regroupait des artistes qui tatouaient un symbole simple, mais extrêmement puissant sur leurs clients dans le but de recueillir des fonds pour une bonne cause. Cette fois-ci, plutôt que de tatouer des pièces en forme de casse-tête, les artistes ont choisi de reproduire un humble point-virgule afin de soutenir l’Association canadienne pour la santé mentale et Project Semicolon, une initiative à but non lucratif dédiée à redonner espoir et amour à ceux et celles qui luttent contre la maladie mentale, la dépendance, l’automutilation et le suicide.
« Votre artiste tatoueur est comme votre thérapeute. Vous restez assis pendant des heures devant quelqu’un qui vous perce continuellement la peau et dès la première percée, tout change » a fait savoir Joy Nash, un tatoueur qui lutte contre la dépression depuis plusieurs années, à Global News, confirmant l’effet thérapeutique qu’un tatouage peut avoir.
Encre animaux
Animal Charity Day (Journée caritative pour animaux)
C’est en avril que se souligne la journée Animal Charity Day. Cette année, Adept tattoos and Body Piercing Studio a contribué à la cause en demandant aux clients, qui entraient dans l’un de leurs deux studios de tatouage à Halifax ou à Bedford, de choisir une œuvre de bienfaisance dédiée aux animaux afin de leur distribuer une part des bénéfices obtenus par leur tatouage.
« Vous aimez déjà ce que vous faites, donc pourquoi ne pas le faire pour autre chose que vous aimez, comme les animaux », a dévoilé Rebecca O’Quinn à Metro News lorsqu’on lui a demandé ce qui l’a motivée à poser ce geste charitable.
Tandis que les artistes contribuaient temps et expertise pour venir en aide aux animaux, les clients avaient à décider quel organisme encourager entre Greyhound Pets of Atlantic Canada (vient en aide aux lévriers), 10 000 Carrots Rabbit Rescue (vient en aide aux lapins) et I Make a Difference Rhino Protection and Conservation (protection et conservation des rhinocéros). Mais le plus impressionnant de tout était que les clients offraient plus que le don minimum suggéré de 100 $. Non seulement peut-on compter sur la générosité des artistes d’un océan à l’autre, mais les collectionneurs de tatouages ont aussi des cœurs en or.
Encre rétablissement
Transformations esthétiques
Parfois, les tatouages les plus transformateurs et les plus puissants ne sont pas vraiment des tatouages. Laissez-nous vous expliquer. Tandis que certains artistes et studios organisent de merveilleux événements ponctuels pour soutenir des causes qui leur tiennent à cœur, d’autres prennent une approche différente en ouvrant des ateliers complètement dédiés à venir en aide à ceux et celles qui ont à surmonter des événements tragiques.
Prenons l’exemple de Kyla Gusche. À seulement 26 ans, elle a appris qu’elle avait un cancer des ovaires. Lorsque le traitement lui a fait perdre ses sourcils, elle a opté pour un tatouage esthétique qui a causé une réaction allergique et entraîné la formation de cicatrices profondes. Bien qu’elle fût professeure d’histoire de l’art à ce moment-là, elle s’est enrôlée dans un programme d’apprentissage avec le Dr Jean-Paul Tiziano, un expert britannique en tatouage médical, afin de s’assurer que d’autres ne vivraient pas l’expérience négative qu’elle avait vécue.
Éventuellement, cette formation lui a permis d’ouvrir Cosmetic Transformations à Peterborough. Aujourd’hui, âgée de 37 ans, elle offre des tatouages permanents de camouflage, de poils faciaux et d’aréoles pour les femmes et les hommes qui ont survécu au cancer. Elle a même remporté un prix récompensant l’innovation médicale pour le Titian Wash, une technique de camouflage pour la peau et les cicatrices inspirées des techniques de glacis de l’artiste de la Renaissance Titien, a publié le journal The Star.
Lorsqu’elle n’exerce pas son art, elle milite sans relâche auprès de Santé Canada pour qu’on établisse des règlements de sécurité en ce qui concerne le pigment en tatouage. Bien que les artistes utilisent des encres approuvées en cosmétique, celles-ci ne sont pas approuvées pour l’implantation (autre que Biotic Phocea) et peuvent causer des réactions allergiques ainsi que des interférences avec les IRM et autres traitements de radiation.
Poursuivant une mission similaire, la Torontoise Basma Hameed veut transformer les difficultés qu’elle a éprouvées dans le passé en quelque chose de positif en aidant les autres par le pouvoir de l’encre. Lorsqu’elle n’avait que deux ans, Basma a souffert de brûlures au troisième degré à son visage lorsqu’une poêle d’huile chaude s’est renversée de la cuisinière. Lorsqu’à 16 ans les plasticiens lui ont annoncé qu’il n’y avait plus moyen d’améliorer ses cicatrices, elle a refusé de les écouter.
Après avoir entendu parler du tatouage esthétique, elle a entrepris une formation avant d’utiliser son propre visage pour expérimenter les différentes méthodes apprises. Bien que camoufler des cicatrices à l’aide du tatouage ne soit certainement pas facile (en fait, plusieurs artistes refusent de le faire) et que les résultats varient beaucoup, Basma a foncé tête baissée vers son objectif. Après trois ans, elle a trouvé la teinte parfaite pour sa peau et est finalement satisfaite de son apparence.
Aujourd’hui, Basma se considère comme une tatoueuse de camouflage permanent de cicatrices qui offre des tatouages paramédicaux. Elle gère deux cliniques, une à Toronto et l’autre à Chicago, où elle aide les survivants de cancer, les grands brûlés et ceux et celles aux prises avec des problèmes de couleur de peau. De plus, parce que l’assurance maladie ne couvre pas ces procédés, elle a fondé la Basma Hameeed Survivors Foundation qui recueille des fonds pour offrir des tatouages gratuitement à ceux et celles qui ne peuvent se les payer.