Trinity: Parlez-moi de votre parcours, décrivez-moi qu’est-ce qui a fait de vous un artiste?

Shamus : J’ai étudié le design et l’illustration au Collège Dawson. Durant mes études, je me suis fait tatouer par Stacey West, au studio Tatouage West. En parlant avec elle de mes études, elle était très intéressée par mon portfolio. Quand je lui ai finalement apporté mon portfolio, elle m’a demandé si je serais intéressé d’apprendre à tatouer. Je n’avais jamais considéré faire ce travail, mais pourquoi pas, c’est une autre forme d’art comme la peinture ou l’aérographe. J’ai commencé comme apprenti avec Stacey et Vince West. Ils m’ont tout appris, c’était une belle expérience pour débuter. Je suis parti du studio pour pratiquer plus de ‘’walk-ins’’ et j’ai fini chez Totem et Tabou. J’ai travaillé au studio 4 mois et j’ai dû quitter puisque je ne pouvais pas me permettre de travailler à temps plein. J’ai fini par aller aux États-Unis, pour 6-8 mois et j’ai arrêté de tatouer. Quand j’ai redéménagé à Montréal, j’ai décidé que je travaillerais dur. J’ai commencé à tatouer à temps partiel chez Tatooage, qui est maintenant MTL Tattoo. Cela fait maintenant 9 ans que je fais des tatouages à temps plein. Je n’ai jamais considéré le tatouage comme un travail, c’est une passion. Aller au studio à tous les jours et faire ce que j’aime, c’est incroyable. Je ne pourrais pas demander mieux.

T : Décrivez-moi votre style.

S : Je déteste mettre un titre sur mon travail, mais c’est traditionnel évidemment. J’essaie que chaque tatouage que je crée soit le plus parfait possible. Je veux que mon travail soit reconnu, je veux me démarquer. J’essaie de me surpasser à créer les meilleurs tatouages que je puisse faire.

T : Vous êtes dans l’industrie depuis un bon moment déjà, parlez-moi des changements que vous appréciez le plus.

S : La qualité des machines et des aiguilles a été le plus grand changement apporté à l’industrie et tous les artistes l’ont remarqué. Les fabricants de machines dépassent les limites avec de nouveaux designs et les matériaux qu’ils utilisent. Les artistes peuvent maintenant produire des tatouages plus définis et accélérer le processus de guérison.

T : D’après vous, qu’est-ce qui a encore besoin d’améliorations ?

S : Ce serait vraiment bien d’avoir de l’équipement plus léger pour le voyagement. Je suis toujours à la recherche d’un appui-bras facile à transporter. J’ai le même depuis 8 ans, mais il serait temps d’en fabriquer un.

T : Quelle est votre vision artistique de la vie ?

S : Eh bien, cela a commencé quand j’étais jeune. Je dessinais beaucoup de bandes dessinées. Je voulais dessiner tout le temps. Après avoir été au collège, j’étais toujours occupé à dessiner ou à peindre. J’ai toujours des idées à mettre sur papier. Je peux avoir des idées de tout ce que je peux voir dans la vie de tous les jours. Comme par exemple, l’autre jour, j’ai pris en photo des rideaux parce que le motif m’attirait. Je fais cela souvent, je magasine avec ma femme, je regarde les tapis, je peux trouver les meilleures idées de motifs même chez Winners. Ce genre de chose m’inspire, le fait de pouvoir trouver des motifs qui m’inspirent et de penser qu’ils pourraient être tatoués et devenir une oeuvre d’art vivante. Je ne peux jamais arrêter de créer, jamais arrêter d’y penser. C’est quelque chose que j’ai de la difficulté à gérer: être capable de séparer ma vie de famille, mon travail et mon propre temps de peinture. Il n’y a jamais assez d’heures dans une journée !

T : Plusieurs artistes décident d’ouvrir leur propre studio quand ils atteignent un certain niveau. Pourquoi avez-vous décidé de ne pas ouvrir le vôtre ?

S : J’ai pris cette décision pour plusieurs raisons. MTL Tattoo m’a donné une chance depuis le tout début. Je n’avais pas beaucoup de tatouages dans mon portfolio, mais beaucoup de peintures. Ils m’ont engagé et je leur dois de rester. Aussi MTL Tattoo est comme mon bébé, j’ai aidé à construire ce studio. Toutes les peintures que j’ai faites sur les murs crées une atmosphère dans le studio. Ça ajoute de la chaleur au décor. J’aime travailler dans un studio avec des artistes aux styles différents. Ça m’aide à grandir en tant qu’artiste. En plus, c’est une entreprise familiale. J’adore MTL Tattoo, c’est une belle place et il y a beaucoup de bons artistes.

T : Qu’est-ce que vous aimez et aimez moins dans l’industrie ?

S : J’aime que le tatouage m’amène à voyager. C’est vraiment excitant de voyager, ça me garde motivé. Ce que j’aime moins, ce sont les attitudes de ‘’rock star’’, les gens qui se croient Mr. Cool. C’est vraiment dommage que certaines personnes finissent comme cela.

T : Qu’est-ce que vous aimez le plus, à part tatouer, et pourquoi ?

S : Ce que j’aime le plus en dehors du tatouage, c’est ma famille. La famille vous ramène à la réalité. C’est facile de se perdre dans l’univers du tatouage. La famille vous garde les deux pieds sur terre.

T : Nommez trois artistes à qui vous pouvez vous comparer?

S : Je ne peux pas répondre à cette question. Je ne veux pas me comparer à personne. Je travaille fort pour créer quelque chose de nouveau à chaque client. J’aimerais penser que je suis le seul, haha !

T : Avez-vous déjà rencontré un artiste que vous admirez ? Si oui, qu’est-ce qui vous a surpris le plus ?

S : J’ai rencontré plusieurs artistes que je respecte. Je ne nommerai pas de noms mais ces artistes sont des gens très gentils, très relaxes et faciles d’approche. C’est vraiment bien de voir que des gros noms du tatouage n’ont pas été empoisonnés par l’attitude "rock star".

T : Vous avez eu la chance de co-organiser une convention de tatouage. Quel est votre souvenir le plus drôle ?

S : En fêtant dans la roulette de Sailor Jerry, j’ai perdu la notion du temps, hahahahaha !

T : Qu’avez-vous appris de cette expérience ?

S : C’est beaucoup de travail. Il faut être préparé à investir beaucoup de son temps. Il faut avoir une bonne équipe qui travaille bien ensemble, car cela peut être très stressant.

T : Si vous le pouviez, que feriez-vous de différent ?

S : Juste des petits détails mineurs. Je préfère ne pas entrer dans les détails mais des petites choses ici et là qui rendraient l’expérience des tatoueurs plus facile.

T : Si vous aviez une question à poser à un artiste, que serait-elle et à qui ?

S : Probablement Filip Leu. J’aimerais savoir ce qu’il y a dans sa bouteille noire qu’il met sur ses clients qui leur permettent de se faire tatouer aussi longtemps.

T : Sans quoi ne pourriez-vous pas vivre ?

S : Ma Stalhammer !